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ACCUSATIONS ET DÉFENSE

LE CONSERVATOIRE DE PARIS
Accusation
Extrait de l'ordonnance du 7 décembre 2021 rendue publique par mise à disposition au greffe du Tribunal Administratif de Paris

Pour prononcer à l’encontre de M. Pernoo la sanction d’exclusion temporaire d’un an avec retenue de traitement, la directrice du CNSMDP a relevé qu’il imposait « aux élèves un climat où la familiarité, la référence à la sexualité et les gestes déplacés sont omniprésents dans [son] expression et [ses] attitudes à leur égard ». Elle a relevé qu’il adoptait un « mode d’enseignement [qui] n’est pas conforme au devoir d’exemplarité qui [lui] incombe », qu’il instaurait « un fonctionnement clivant au sein de la classe » en « [abusant] de l’ascendant indéniable [qu’il] exerce sur [ses] élèves », qu’il entretenait une « confusion des genres », qu’il employait des « contrepèteries à connotation sexuelle » et qu’il adoptait « des attitudes humiliantes en public où les moqueries et humiliations font partie du dispositif pédagogique ». Il ressort des pièces du dossier que, pour prononcer la décision attaquée, la directrice du CNSMDP s’est notamment fondée sur le rapport de l’enquête diligentée par Mme De Haas, directrice associée du groupe Egaé, structure experte de la prévention des violences sexistes, discriminatoires, morales et sexuelles, et M. Pillon, chef du service ressources humaines du CNSMDP, et au cours de laquelle cinquante-et-une personnes ont été entendues, dont M. Pernoo, et quarante-cinq d’entre elles ont signé le compte-rendu de leur entretien.

Extrait du jugement rendu public par mise à disposition au greffe du Tribunal Administratif de Paris le 2 novembre 2022
  • Le Conservatoire s’est fondé tout d’abord, sur la mise en place par l’intéressé d’activités pédagogiques et extra-scolaires en dehors de l’établissement, sans avis ou demande préalable à sa direction, et a fortement incité ses élèves à prendre part à celles-ci, entretenant une confusion entre ses activités privées et celles relevant de son enseignement.

  • M. Pernoo a adopté un comportement inapproprié vis-à-vis de ses élèves en s’immisçant dans leur vie privée et extrascolaire, allant au-delà de la relation professeur-élève, résultant en une forme d’emprise sur ses élèves.

  • La décision de sanction est également motivée par l’usage de méthodes humiliantes, la teneur de propos à connotation sexuelle, notamment des contrepèteries répétées, ainsi que des gestes et attitudes sexuellement orientés.

  • M. Pernoo a manqué à son obligation de loyauté et à son devoir de réserve en donnant des cours à ses élèves lorsque la sanction d’exclusion temporaire, depuis retirée, était effective, cours qui se sont poursuivis lors de la suspension à titre conservatoire, ainsi qu’en relayant des publications hostiles au Conservatoire sur les réseaux sociaux.

  • M. Pernoo a eu des comportements inappropriés pendant ses cours, notamment en utilisant régulièrement des contrepèteries ou des remarques à connotation sexuelle, de nature à troubler certains élèves. Egalement, onze témoignages démontrent que M. Pernoo a eu des gestes inappropriés envers deux anciens élèves, tant en dehors du cadre du Conservatoire que dans le cadre des cours lors d’un voyage d’études en Russie.

  • M. Pernoo, en instaurant un climat amical, voire « familial » selon les propos de certains élèves, notamment par la bise, le tutoiement, l’usage de sobriquets, l’organisation de repas collectifs en dehors des heures de cours, pratiques au demeurant non fréquentes au Conservatoire, comme en attestent les témoignages d’autres professeurs, en incitant fortement ses élèves a participer à une association dont il est le fondateur, ainsi qu’à des festivals ou représentations qu’il organisait dans le cadre d’une activité privée et sans autorisation préalable de sa hiérarchie, au risque que certains étudiants se voient par la suite dévalorisés ou dénigrés s’ils n’acceptaient pas ou participaient à d’autres activités non approuvées par leur professeur, en entretenant des conversations privées sans rapport avec son enseignement en dehors du cadre du Conservatoire.

  • M. Pernoo a mis en place des relations inappropriées avec ses élèves et dépassant le cadre du rapport professeur-élève, même dans le contexte particulier d’un enseignement de musique de haut niveau tel que délivré par le CNSMDP.

  • M. Pernoo a proposé [à ses élèves] des cours gratuits en dehors du Conservatoire, alors que sa sanction d’exclusion temporaire d’une durée d’un an, depuis retirée, était effective, et que ces cours se sont poursuivis lors de la suspension à titre conservatoire du 10 décembre 2021, alors même qu’un remplaçant avait été nommé permettant d’assurer la continuité pédagogique des élèves. La circonstance, dont se prévaut M. Pernoo, que les décisions ne mentionnaient pas l’interdiction d’entrer en contact avec les élèves n’est pas suffisante pour justifier ses agissements, dès lors qu’il ne pouvait ignorer que ces deux décisions impliquaient, de par leur nature, qu’il ne contacte pas ses élèves, en particulier pour assurer des cours dont il n’avait plus la charge au Conservatoire.

  • Si le requérant n’a fait que relayer sur les réseaux sociaux des communiqués de presse de ses conseils et des articles de presse relatifs à son affaire, son compagnon, M. Ducros, a mené une campagne virulente contre l’établissement et sa directrice sur ces mêmes réseaux, sans que M. Pernoo ne se désolidarise ou même n’établisse qu’il a tenté de faire cesser ces agissements.

D'après Le Figaro du 29 juin 2021

Le 7 mai 2021, Émilie Delorme rédige un rapport disciplinaire pour saisir la commission consultative paritaire qui doit se prononcer sur le dossier. Selon Le Figaro, ce rapport contiendrait des « erreurs grossières » à charge, parmi lesquelles le changement de l’âge d’un témoin, présenté comme un adolescent de quatorze ans alors qu’il était en réalité âgé de vingt ans. Par ailleurs, un passage entier du compte rendu d'Egaé, où les faits reprochés à l'enseignant sont présentés au conditionnel, est repris à l'indicatif par Émilie Delorme dans le rapport disciplinaire. Enfin, les nombreux témoignages à décharge n’y sont évoqués que comme renforçant la charge : « [M. Pernoo] génère chez beaucoup d'élèves - actuels ou anciens - une admiration très importante, voire une forme de fascination […] Les enquêteurs ont assisté à des entretiens dans lesquels ils ont senti une volonté très nette des interlocuteurs de protéger Jérôme Pernoo […] comme s'il semblait impossible pour un certain nombre de personnes d'admettre un seul comportement problématique de la part de Jérôme Pernoo. Cela semble témoigner d'une forme d'ascendant de la part de Jérôme Pernoo sur les personnes qui l'entourent. » (Le Figaro, 29 juin 2021)

Défense
Extrait de l'ordonnance du 7 décembre 2021 rendue publique par mise à disposition au greffe du Tribunal Administratif de Paris

- L’enquête administrative s’est déroulée dans des conditions qui ont porté une atteinte irrémédiable au respect des droits de la défense.

- La décision attaquée repose sur des faits dont la matérialité n’est pas établie ; à supposer même que leur matérialité soit établie, ils ne constituent pas une faute de nature à justifier le prononcé d’une sanction disciplinaire.

PREMIÈRE PLAINTE
Accusation
D'après l'Agence France Presse (AFP) 27 mai 2023

Jérôme Pernoo est d'abord soupçonné d'agression sexuelle sur mineur, en 2005 à Londres, sur un élève à l'époque âgé de 14 ans, selon lequel son professeur l'a caressé, par-dessus un vêtement, au niveau du sexe, alors qu'il était endormi dans son lit.

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L'homme, âgé aujourd'hui de 32 ans, a été son élève en particulier lors de stages, quand il avait entre 10 et 17 ans. Il le considérait comme son «père de substitution», ayant perdu le sien très jeune. 

Défense
Mentionné à l’audience du 26 mai 2023 :
  • Outre J. Pernoo et le plaignant, deux autres personnes se trouvaient à proximité immédiate d’eux dans la même pièce : une jeune fille de l’âge du plaignant et une adulte.

  • Selon leurs témoignages, ni l’adolescente ni l’adulte à proximité immédiate n’ont, à aucun moment, assisté à une scène de cette nature, alors même que le plaignant allègue qu’elle a eu lieu à au moins deux reprises, de jour, et que chacune d’entre elles a duré une quinzaine de minutes.

  • Parmi les deux témoins qui attestent que ces scènes n’ont jamais eu lieu, l’une n’hésite pas à charger J. Pernoo sur d’autres points moins saillants de l’enquête.

  • La parole du plaignant n’est donc pas seulement remise en cause par le prévenu, mais par tous les témoins potentiels des scènes alléguées.

  • Ce plaignant, dans les années qui ont suivi, a entretenu de bonnes relations avec J. Pernoo, est allé jouer dans sa classe au CNSMDP à plusieurs reprises alors qu’il n’était pas son élève, s’est inscrit dans sa classe en 3e cycle et a souhaité participer à plusieurs stages et académies avec lui.

DEUXIÈME PLAINTE
Accusation
D'après l'Agence France Presse (AFP) 27 mai 2023

Un autre élève du violoncelliste, qu'il considérait comme un «père spirituel», au conservatoire. Le plaignant a fait état de «claques sur les fesses», de «chat-bite» - un «jeu» consistant à toucher par surprise les parties génitales de l'autre en criant ladite formule -...

Défense
Mentionné à l’audience du 26 mai 2023 :
  • Le plaignant affirme que ces « jeux » se déroulaient fréquemment, pendant les cours collectifs, et que lui-même n’en était pas la seule victime.

  • Parmi les 21 élèves ayant eu au moins une année de scolarité en commun avec le plaignant, pas un seul, dans aucune des trois enquêtes (deux administratives et une pénale), n’a dit avoir assisté à une seule occurrence d’une scène de ce type, que la cible en soit lui-même ou d’autres.

  • Parmi les dénégateurs sus-cités, se trouvent un certain nombre de personnes qui, par ailleurs et sur d’autres sujets, n’ont pas hésité à témoigner à charge ; l’argument de l’emprise de J. Pernoo sur les dénégateurs est donc irrecevable.

  • Aucun autre élève de J. Pernoo au CNSMDP, toutes promotions confondues, n’a jamais affirmé avoir été témoin ou victime de tels « jeux » ou attouchements.

Accusation
D'après l'Agence France Presse (AFP) 27 mai 2023

...et de baisers «volés».

NB : Pour être précis, le plaignant parle de « bises qui dérapent sur la bouche au dernier moment » et laisse entendre que c’est arrivé à de nombreuses reprises, et toujours devant de nombreux témoins.

Défense
Mentionné à l’audience du 26 mai 2023 :
  • Son signalement de départ, pourtant détaillé et bien évidemment le plus à charge possible, ne fait aucunement mention de ces gestes.

  • Il a déclaré lui-même dans la première enquête interne qu’il ne s’en souvenait pas (sic, pour des attouchements de cette nature prétendument fréquents), mais qu’une « amie » le lui a rappelé ;

  • Cette « amie » est une élève de J. Pernoo de la même époque, mais elle-même n’a jamais dit avoir été témoin de scènes de ce type, ni dans les deux enquêtes administratives, ni dans son audition auprès de la police judiciaire.

  • La plaignante de cette procédure (cf. infra), qui est assistée par le même avocat que le présent plaignant, et qui n’avait jamais évoqué quoi que ce soit de cet ordre devant les enquêteurs administratifs, à deux reprises espacées d’un an et malgré leur insistance, a fini par s’en « souvenir » au moment de sa déposition devant la police judiciaire.

  • Le seul « témoin » qui prétend désormais que cela a pu avoir lieu est donc quelqu’un :

  1. qui avait toujours prétendu le contraire.

  2. qui est elle-même devenue plaignante et qui est assistée par le même avocat que le plaignant dont nous parlons.

  • Mise à part cette plaignante depuis peu et dans le contexte évoqué, parmi les 21 élèves ayant eu au moins une année de scolarité en commun avec le plaignant, pas un seul, dans aucune des trois enquêtes (deux administratives et une pénale), n’a dit avoir assisté à une seule occurrence d’une scène de ce type, alors même que, nous l’avons vu, le plaignant, seul dans un premier temps, et soutenu par sa camarade désormais, prétend que c’est arrivé fréquemment devant de nombreux élèves.

Accusation
D'après l'Agence France Presse (AFP) 27 mai 2023

Le professeur l'a invité à «honorer une tradition russe» consistant à s'embrasser sur la bouche après avoir trinqué. L'ancien élève a accepté une première fois...

Défense
Mentionné à l’audience du 26 mai 2023 :
  • Le plaignant rapporte dans son signalement qu’il n’a pas manifesté de non-consentement.

  • Il prétend dès son premier témoignage que « tout le monde a vu ce qui se passait ».

  • « Tout le monde », dans ce voyage, outre J. Pernoo et le plaignant, c’est quinze personnes adultes :

- 10 élèves majeurs

- 3 accompagnatrices

- 1 productrice de Radio-France

- 1 ingénieur du son radio, avec une perche, qui enregistrait tout pour le feuilleton à venir, orchestré par la productrice.

  • Dans l’enquête interne d’EGAE, deux témoins seulement (un et une élève) décrivent une scène qui pourrait s’apparenter à ça, tout en insistant, pour le premier, sur l’imprécision de ses souvenirs. Toutes les autres personnes présentes interrogées démentent avoir assisté à une telle scène.

  • Ces deux témoins ne décrivent absolument pas la scène sous la forme d’une agression, avec l’asymétrie qu’elle impliquerait. Si la scène a eu lieu, le consentement ne leur semble faire absolument aucun doute.

  • La police judiciaire décide de ne pas interroger le premier témoin, mais d’interroger le deuxième, la jeune fille, qui, auprès de la police, revient très nettement sur ses affirmations de l’année précédente, disant désormais ne pas se souvenir précisément d’une telle scène entre J. Pernoo et le plaignant.

  • À l’issue de l’enquête préliminaire, sur quinze témoins revendiqués par le plaignant, la PJ n’en dispose donc plus que d’un seul, interrogé seulement par EGAE (dans les conditions que l’on sait, qui ont conduit à l’invalidation de l’enquête interne par le tribunal administratif). Et ce témoin insiste sur le fait que ses souvenirs sont flous.

  • Il y avait pourtant dans le Transsibérien un certain nombre de personnes qui, par ailleurs et sur d’autres sujets, n’ont pas hésité à témoigner à charge, dont deux autres plaignants pour eux-mêmes.

Accusation

...mais a affirmé avoir dû refuser à plusieurs reprises les sollicitations du professeur par la suite.

Défense
Mentionné à l’audience du 26 mai 2023 :
  • Aucun témoignage, qu’il soit issu des deux enquêtes internes ou de l’enquête de police, ne fait état d’une telle scène, alors même que la question a, bien évidemment, été systématiquement posée et, qu’encore une fois, tout le monde était censé y avoir assisté.

  • La plaignante de cette procédure (cf. infra), qui est assistée par le même avocat que le présent plaignant, et qui n’avait jamais évoqué quoi que ce soit de cet ordre devant les enquêteurs administratifs, à deux reprises espacées d’un an et malgré leur insistance, a fini par se « souvenir » de ces tentatives au moment de sa déposition devant la police judiciaire.

  • Le seul témoin qui prétend désormais, envers et contre tous, que cela a pu avoir lieu est donc quelqu’un :

  1. qui avait toujours prétendu le contraire.

  2. qui est elle-même devenue plaignante et qui est assistée par le même avocat que le plaignant dont nous parlons.

  • À part elle depuis peu et dans les conditions sus-évoquées, parmi la quinzaine de témoins potentiels revendiqués par le plaignant, personne, jamais, n’a prétendu avoir assisté à une telle scène.

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Accusation
Le journaliste de l'AFP omet de préciser ceci :

Le plaignant prétend que ces scènes successives ont provoqué une sorte de scandale dans le wagon-restaurant, et qu’il a dû être « exfiltré » par des élèves affolés.

Défense
Mentionné à l’audience du 26 mai 2023 :
  • Que ce soit dans les enquêtes administratives ou pénale, aucun témoin ne déclare avoir vu une telle scène ni y avoir participé. La défense rappelle que le plaignant a déclaré, y compris pour la scène sus-décrite, que « tout le monde a vu ce qui se passait ».

  • Ont également été évoquées les bonnes relations que le plaignant a entretenues avec le mis en cause non seulement après ce voyage, mais après même la fin de ses études, ce dont beaucoup d’échanges écrits attestent.

TROISIÈME PLAINTE
Accusation

La troisième plainte a été déposée par une ancienne élève de Jérôme Pernoo, 16 mois après le début de la procédure. Elle dit à la barre que la Directrice du CNSMDP l’a appelée pour lui demander si elle souhaitait porter plainte, ce qui n’était pas son intention au départ, y compris lors de sa première déposition devant la PJ. Elle finit par le faire et en avise Émilie Delorme en juillet 2022.

La jeune femme avance que Jérôme Pernoo lui a touché les seins par-dessus un vêtement, sous couvert de blague en disant "pouet-pouet".

Défense
Mentionné à l’audience du 26 mai 2023 :
  • La plaignante prétend que « la moitié de la classe » (soit six personnes) a assisté à la scène.

  • Aucune des 15 personnes présentes dans le Transsibérien ne dit avoir assisté à une telle scène, dans quelque enquête que ce soit (administrative, pénale) alors que la question était évidemment posée.

  • Parmi les personnes qui étaient à bord et qui réfutent avoir été témoins de cette scène, figurent des gens qui n’ont pas hésité, par ailleurs, à témoigner à charge sur divers sujets, dont même deux autres plaignants. L’argument de la « peur de témoigner », opposé par la plaignante à l’objection de cette curieuse amnésie collective, semble donc particulièrement irrecevable.

Accusation
D'après l'Agence France Presse (AFP) 27 mai 2023

La jeune femme accuse aussi son ancien professeur de lui avoir donné le surnom de «ma petite chatte».

Défense
Mentionné à l’audience du 26 mai 2023 :

Il a été évoqué à l’audience que la mention de ce grief n’avait pour but que de justifier d’un « harcèlement sexuel », qui permettait de contourner la prescription sous le coup de laquelle tombait le « pouet pouet ».

Il s'agit donc d'un habillage juridique.

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Par ailleurs :

  • Aucun des élèves de la classe, qu’ils aient eu ou non au moins une année de scolarité commune avec elle (ce qui est, au passage, le cas de deux des trois autres plaignants), ni aucun autre élève du CNSMDP, ni aucun proche de la plaignante, ni plus généralement personne, dans aucune des trois enquêtes administratives et pénale ne dit avoir entendu une seule fois ce surnom.

  • La première enquête administrative interrogeait pourtant systématiquement les élèves sur leur propre surnom (la plaignante n’avait alors pas mentionné celui-là), ainsi que sur les surnoms des autres, recherchant particulièrement les surnoms à connotation sexuelle. Personne donc, y compris chez des témoins par ailleurs à charge, n’a jamais évoqué celui-là.

  • J. Pernoo produit des pièces non contestées (SMS, e-mails) qui montrent que le surnom qu’il lui arrivait d’employer pour elle non seulement n’était pas celui-là, mais n’avait strictement aucune connotation sexuelle.

  • Les relations de la plaignante avec le mis en cause ont toujours été très bonnes et chaleureuses, même bien après la fin de ses études. De nombreux écrits en attestent.

QUATRIÈME PLAINTE
Accusation

Le plaignant, qui a fréquenté extrêmement régulièrement Jérôme Pernoo entre 2009 et 2022, affirme avoir été victime de trois caresses ou gestes inappropriés, qu’il qualifie désormais d’agressions sexuelles.

Deux sans témoin (cas unique dans le dossier) et un avec, entre janvier 2010 et septembre 2011.

Il aurait eu 16 et 17 ans.

Défense
Mentionné à l’audience du 26 mai 2023 :
  • Ce plaignant s’est déclaré presque deux ans après le début de l’affaire, après avoir toujours témoigné, pendant les procédures administratives et pénale, en faveur de J. Pernoo.

  • Il a, outre ses trois dépositions officielles à décharge, défendu incessamment et ardemment J. Pernoo, en public et en privé, dans la presse et sur les réseaux sociaux.

  • Il connaissait très bien le dossier, et a aidé à la constitution de la défense en fournissant des pièces.

  • Il n’a pas cessé, treize ans durant, de venir très régulièrement, souvent quotidiennement, passer des journées et des soirées chez J. Pernoo et son conjoint, et il leur a même demandé d’accepter officiellement de l’adopter, en 2019, peu avant la naissance de son premier enfant. (Cette adoption n'a jamais eu lieu.)

  • Il a toujours souhaité habiter non loin de chez J. Pernoo et son conjoint, pour pouvoir les voir aussi souvent que possible.

  • Il n’a cessé, des années durant, après la fin de ses études, de recommander J. Pernoo à des étudiants qui cherchaient un professeur.

  • Il ne plaide pourtant pas la moindre forme d’amnésie.

  • Une fois sa volte-face opérée, il a pris beaucoup de soin à préciser les dates et à décrire les faits, pour chacune des trois occurrences.

  • Ses versions, en l’espèce, ont varié systématiquement, quasiment à chaque audition.

  • À chaque nouvelle version, il se montrait parfaitement affirmatif.

  • Pour justifier le qualificatif d’agression sexuelle, le procureur s’est appuyé sur des détails fournis par la femme et la sœur du plaignant, détails que le plaignant lui-même a pourtant réfutés.

  • Les versions finalement choisies sont encore différentes de celles qui figuraient au dossier, la police n’en a donc jamais eu connaissance, et le mis en cause ainsi que le tribunal ne les ont découvertes qu’à peine plus de vingt-quatre heures avant l’audience, via les conclusions de la partie civile.

  • Pour les deux scènes sans témoins, le peaufinage de leur version définitive semble le fruit de recherches croisées sur Internet et dans les archives du plaignant pour tenter de les rendre plus crédibles, alors même que ces modifications de dernière minute contribuent au contraire à les rendre suspectes :

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1. Le changement de date de dernière minute de la première avait de toute évidence pour but, pour le plaignant, de se constituer une « preuve » à lui-même. Il était fondamental, pour sa démonstration, que le fait (i) ait eu lieu pendant sa première année au conservatoire, (ii) un soir de représentation classique au Châtelet et (iii) que le conjoint de Jérôme Pernoo ait été en tournée à ce moment-là. Cette triple conjonction ne collant pas du tout avec ses déclarations antérieures, il s’est visiblement mis en quête, à l’aide d’Internet et de recherches croisées, d’une date qui pourrait finalement correspondre. Et il a cru trouver.

Mais la recherche a été bâclée, et le conjoint de Jérôme Pernoo apporte, par des documents produits au tribunal, la preuve qu’il n’était pas en tournée à la date indiquée, et que la scène (par ailleurs invraisemblable pour d’autres raisons évoquées à l’audience), qui impliquait absolument la conjonction des trois éléments, ne pouvait pas avoir eu lieu.

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2. De même, le changement de date de dernière minute de l’autre agression sans témoins, censée s’être déroulée à La Roche Posay en amont du Festival, avait visiblement pour but d’étayer sa démonstration en la figeant définitivement et de façon crédible, après un certain nombre de changements de versions. Il fallait au plaignant trouver une année où il avait participé au Festival et où il aurait pu être logé chez une certaine personne en amont d’icelui.

Probablement par élimination, il finit par choisir 2011 (à rebours donc, une fois encore, de ses déclarations antérieures à la police, où il disait avoir été majeur).

Une fois encore, la défense peut montrer qu’il ment. Mais cette fois-ci, non pas en produisant une pièce elle-même, mais en attirant l’attention sur une pièce que le plaignant fournit lui-même, qui prouve de façon indubitable qu’il n’était pas présent à La Roche Posay en amont du festival, et que cette scène ne pouvait donc pas avoir eu lieu.

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  • Pour la scène d’attouchement avec témoin, qui était dans un premier temps décrite comme un « câlin inapproprié », et dont la date a également plusieurs fois changé en cours de procédure, c’est encore plus simple. Le témoin est le propre demi-frère du plaignant, et il fournit une attestation dans laquelle on lit qu’ils se trouvaient bien à trois, le plaignant, Jérôme Pernoo et lui-même, à l’endroit et à la date finalement choisies, mais qu’il n’a rien remarqué de spécial, ne faisant que confirmer ce qu’il avait déjà dit à la police (« [Je n’ai] rien remarqué de particulier »). Une agression contre son petit frère aurait donc eu lieu sous ses yeux, dans un lieu public, en plein jour, sans qu’il s’en aperçoive.

Accusation
D'après l'Agence France Presse (AFP) 27 mai 2023

Le jeune violoncelliste assure que le prévenu lui avait envoyé «de nombreux messages d'amour».

Défense
Entendu à l’audience du 26 mai 2023 :
  • Aucun des messages lus à l’audience ne revêtait le moindre caractère sexuel.

  • Il s’agissait de messages affectueux, pour la plupart envoyés au moment de la mort des parents du plaignant, auxquels ce dernier répondait avec affection également, ce qu’il a reconnu à la barre.

  • Jamais l’expression d’un désir charnel, jamais de proposition indécente, jamais l’évocation de quelque scène ambiguë que ce soit.

  • Pour justifier de l’accusation de harcèlement sexuel, l’avocate du plaignant s’est donc mise à lire quelques contrepèteries retrouvées parmi les SMS (dont elle a pris soin de dévoiler la solution, ce dont toutes les parties ont admis que J. Pernoo ne le faisait jamais), et a évoqué, comme autre pièce à conviction, l’envoi, par J. Pernoo au plaignant, d’une photo d’un lionceau avec sa mère, où le premier mord la queue de la deuxième.

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